
enregistrement France Culture - réalisation Marie-Ange Garrandeau
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Mise en scène
CHRISTIAN RIST
assisté de
GHISLAINE GONZALÈS et FRANÇOISE LEBEAU
Scénographie
DANIÈLE VIRLOUVET
Musique
JEAN MICHEL DELIERS et DENIS ZAIDMAN
Costumes
CONSUELO ZOELLY
Lumières
GHISLAINE GONZALÈS
Maquillages
REIKO KRUK
avec
JEAN MICHEL DELIERS
CHRISTIAN FOURNIER
LAURE HUSELSTEIN
SERGE LELAY
HÉLÈNE LEROUX
ISABELLE MORANE
RICHARD SAMMEL
HÉLÈNE DE SAINT-PÈRE
VERONIKA VARGA
DENIS ZAIDMAN
Création : le 13 juillet 1996 en l'église des Célestins pour le 50ème Festival d'Avignon.
Théâtre Molière-Maison de la Poésie/Paris, Maison de la Culture/Bourges, Théâtre de l'Union/Limoges.
Diffusé sur France Culture le samedi 7 septembre 1996 à 20h45, dans une réalisation de Marie-Ange Garrandeau.


Le Voir Dit - Compagnie Christian Rist
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Rist relit Lely à très bon escient
Grâce soit donc rendue au metteur en
scène Christian Rist, qui exhume une tragédie et un poème dramatique de Lely
jamais représentés [...] Donné dans l'ancienne église des Célestins, le
spectacle de Christian Rist fait l'effet de deux coups de tonnerre. [...] Un
parti pris de simplicité - tout pour le texte.
Christian Rist sait insuffler à ses comédiens toute sa science de lecteur amoureux de la langue. Du bel ouvrage.
René Solis
Avignon festival érotique - L'église des Célestins saisie par la chair et la volupté
Sensualité, possession, volupté : un
spectacle vient, à point nommé, donner une touche érotique au Festival
d'Avignon [...] Il s'agit de deux textes, présentés l'un à la suite de
l'autre, qui sont dus à Gilbert Lely, un expert en la matière puisque
biographe de Sade. Le premier est une tragédie immorale au titre ironique,
«Ne tue ton père qu'à bon escient », tragédie brève, impudique, fort
bien écrite, qui raconte les malheurs de Médée, séduite puis réduite à l'état
d' « honorable putain » par son amant sans scrupule. Le second est un
poème dramatique, « Solomonie la Possédée » , dont le rôle-titre est
incarné par la jeune comédienne Veronika Varga, soumise à un exorcisme qui
attire les foules.
Christian Rist, le fondateur du Studio
Classique, met en scène ces deux textes incandescents, dans lesquels, comme
il en a l'habitude, il fait chanter les corps et affleurer le plaisir.
Brigitte Salino
La volupté de l'effroi
Gilbert
Lely écrit dans une langue intacte, cousue d'or, intouchée par le temps, à la
fois précieuse et classique.
[...] On est sous le charme, grâce à Veronika Varga, très jeune comédienne au jeu ingénu et charnel. Ce pourrait être insuportable ce numéro de bacchante. Non, il y a de l'enfance et du songe dans ses arabesques corporelles, je ne sais quoi d'ému, de soyeux, de sincère, dans sa diction. Autour d'elle, les autres comédiens forment une sorte de choeur.
On est
touché par l'humour de Christian Rist qui irrigue le jeu des comédiens et
rend supportables toutes ces affreuses sornettes. Qu'est-ce qu'une femme ?
C'est cela la question, l'énigme. Ce que Rist nous propose, ce sont, au fond,
des variations sur le code de l'effroi : d'abord la tragédie, puis le
conte. Dans cette église des Célestins, nue et ruinée, tout conspire à la fureur d'un rite oublié, d'un tourment,
archaïque et sensuel.
On frémit avec Veronika sous la caresse de l'eau tiède ou la morsure du Diable. On est captivé mais on rit sous cape de ces affres, de ces pâmoisons de mauvais anges à l'ombre des remparts de Kiev ou de Nijni-Novogorod. C'est un grand bonheur.
Frédéric Ferney
La séduction du péché
Solomonie,
poème dramatique tiré du conte d'Alexeï Remizov, séduit instantanément.
Une jeune villageoise est mise à l'écart par le clergé : elle est possédée. Devant
nous, elle vit sa possession et sa souffrance qui la mènent à une grossesse
diabolique. […] Très hiératique, le spectacle de Christian Rist oppose dans
l'épure des lignes la jeune femme, seule avec son démon intérieur, et les
autres (Hélène Leroux, Serge Lelay). L'actrice qui combat avec tout son corps
et s'asperge d'eau dans une terrible purification est une révélation :
Veronika Varga porte et emporte de tout son corps ce langage très écrit. […] L'instant offert par Lély, l'actrice et toute l'équipe est unique.
G.C.
Gilbert Lely : Les chiens du désir
La beauté des mots habite
Christian Rist et parfois celle de la seule musique des mots : qui ne se rappelle à Avignon Le
Savon de Ponge en 1985 et son invocation au Cloître du Palais Vieux en
1986 : il proférait le Générique des noms des 1001 personnages du Drame
de la vie de Valère Novarina et on assistait en direct à la naissance de
la poésie, c'était prodigieux.
Cette
année, Christian Rist, obstiné découvreur de filons précieux, nous offre
Gilbert Lely : un poète « qui a organisé son invisibilité » derrière
l’œuvre du marquis de Sade dont il fut le grand biographe et le maître
d’œuvre de la première édition au Cercle du Livre Précieux. […] C'est
donc à la révélation d'un classique maudit du XX° siècle que nous assistons
dans l'église des Célestins avec deux poèmes dramatiques fulgurants : Ne
tue ton père qu'à bon escient et Solomonie la possédée, et grâce
à des comédiens "habités".
A mi-chemin entre tragédies de Racine et vaudevilles surréalistes à la Jarry ou à Lautréamont, ces deux créations absolues devraient faire sortir de l'obscurité un poète dont l'oeuvre et la vie n'ont servi qu'un seul maître : la liberté. Liberté d'esprit comme résistance à toute les barbaries et à tous les embastillements, liberté du désir qui dresse ses "chiens d'une férocité aiguë, à faire le beau et ne s'en laisse point déchirer".
D.C.
Solomonie (Veronika Varga, troublante et inquiétante) est un exemple de pureté et de chasteté. Mais une nuit, après son mariage avec un viel homme, elle sera possédée par les démons de l'amour, sortes de reptiles insatiables qui l'assailleront de toute part.
[...] Nue sous la langue, cette écriture, gravée à même la peau, a la beauté d'un testament de lumière.
[...] Dans "Solomonie", on admire la présence crissante, électrique, nerveuse, troublante, de Veronika Varga. Rist a choisi une volontaire neutralité. Il veut que l'on entende le poète. Mais les acteurs aussi nous touchent.
S.Z.
[...] Maginfiques acteurs, maginifique mise en scène : voilà le spectacle qu'il faut voir cette rentrée, même s'il ne bénificie pas du battage médiatique imposé autour du retour de certains vieux beaux ... Ici, pas de visages surexposés, pas de V.I.P. dans la salle; le propos n'en est pas austère pour autant. Les acteurs communiquent une élégante passion contenue (Hélène de Saint-Père et Veronika Varga en tête), qui pourrait valoir à Gilbert Lély une seconde jeunesse méritée. Un remarquable travail des costumes et de la lumière séduit sans détour : pour une fois, ces prétentions esthétiques servent avec une rare intelligence les dialogues. Le rideau se lève sur un son marin hypnotique et se referme sur des applaudissements fournis et sincères.
Pierre Fageolle
Voici certainement l'une des meilleures cuvées d'Avignon 96. Deux fables de Lély mises en scène magistralement par Christian Rist. [...] L'ombre du divin marquis n'est pas loin. Elle couvre même cette soirée cruelle et érotique d'un souffle délicieusement incorrect. Voire troublant.

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